Grand amateur d’opéra (Wagner et Verdi, plutôt que Puccini et Mozart) j’eu la double malchance de rater les spectacles à l’affiche du Palais Garnier (aucun billet disponible pour une programmation de fin de saison qui ne m’intéressait pas follement) et de la Bastille (que je dus annuler le 30 mai pour cause de COVID-19). Je me repris le 14 juin, avant-veille de notre retour à Montréal en me payant une visite du Palais Garnier, que je n’avais pas vu depuis le début des années 2000. Les pépins ne venant jamais seul, j’avais malencontreusement échappé ma caméra à Prague durant la fin de semaine précédente (pardon, le weekend précédent…). Ajoutée à l’interdiction du flash , cela explique la qualité relative de certaines photos. Ce qui n’enlève évidemment rien à la somptuosité exceptionnelle du lieu, chef d’oeuvre de l’architecture napoléonienne et de l’art baroque.
L’extérieur
La facade sud
La façade principale du Palais Garnier, celle qui donne sur l’Avenue de l’Opéra et qui accueille spectateurs et visiteurs , est en restauration au moins jusqu’à la fin de 2024. Impossible donc d’admirer cette partie du chef d’œuvre de Garnier. Tel que le stipule le Code du patrimoine, les travaux, qui devraient s’élever à environ 7.5 millions d’Euros, sont financés « par l’affichage publicitaire sur la bâche de la façade », en l’occurrence Channel.
En façade, on peut toutefois voir les quatre sculptures qui représentent la poésie (François Jouffroy), la musique instrumentale (Eugène Guillaume), la danse (Jean-Baptiste Carpeaux) et le drame lyrique (Jean-Joseph Perraud).. Sur la partie supérieure gauche de la façade, L’Harmonie, sur la droite, la Poésie (Charles Gumery) et au centre, Le groupe d’Apollon avec la Musique et la Poésie (Aimé Millet).

La façade ouest
Cette partie flanquant la façade ouest de l’Opéra ne fut jamais achevée. Une série de colonnes de marbre vert dont deux sont surmontées d’un grand aigle impérial en bronze, signalent l’entrée destinée à Napoléon III.



L’intérieur
Couloirs entrelacés, une trentaine de colonnes, cages d’escalier, alcôves et paliers, velours, feuilles d’or, chérubins et nymphes, marbre de différentes couleur, onyx et bronze participent à la somptuosité baroque de cet édifice magnifique. Garnier n’a vraiment laissé aucun espace sans décoration!
Le premier coup d’oeil…
Une fois franchie la Rotonde des Abonnés avec ses belles colonnades en pierre rouge de Sampans et le bassin de la Pythie, une statue réalisée par Adèle d’Affry, duchesse de Castiglione-Colonna, pour le salon de 1870, on découvre le grand escalier et l’incroyable nef de 30 mètres de haut construite en marbre. Le plafond est composé des dernières œuvres du peintre Isidore Pils, quatre allégories représentant Le triomphe d’Apollon, Minerve combattant la force brutale devant l’Olympe réuni, Le charme de la musique et La ville de Paris recevant le plan du nouvel Opéra. Deux de mes photos en donnent un bien piètre aperçu.





Le grand escalier
Tout en bas de l’escalier, en bronze quasi multicolore, deux statues de femmes tenant des bouquets de lumière. Elles semblent nous souhaiter bon spectacle!

Le grand escalier en marbre blanc, dont la balustrade est en marbre rouge et vert, se divise en deux escaliers qui mènent au Grand Foyer. Le premier escalier débouche sur le couloir menant à l’amphithéâtre, au parterre, à l’orchestre et aux loges-bains. L’autre donne accès à d’autres couloirs et aux petits balcons des quatre façades intérieures et aux différents salons et foyers. Sa conception, jointe à la hauteur vertigineuse de la nef, la qualité et la diversité des matériaux, la magnificence des façades intérieures et la richesse des couleurs en font une réalisation tout à fait exceptionnelle que je vous laisse apprécier en photos.









La salle et la scène
Épousant une forme en fer à cheval, avec ses quatre balcons, ses loges et ses stalles sur cinq niveaux, la salle est conçue selon le modèle du théâtre à l’italienne. Elle compte 1900 sièges de velours rouge.

La scène, la plus grande d’Europe, peut accueillir jusqu’à 450 artistes. Le rideau de maison en toile peint représente un rideau drapé, avec des glands et une tresse. En huit rangées, les sièges du balcon sont nettement en surplomb de ceux de l’orchestre et bénéficient d’une vision très dégagée de la scène. Les loges et arrière-salles ainsi que leurs sièges et banquettes sont habillés de velours et leurs cloisons de damas et tentures. Tous les tissus d’ameublement présentent un jeu subtil de nuances pourpres.
Bref, cette salle de spectacle permet de voir et d’être vu. Sa structure est masquée par différentes matières comme le marbre, les dorures ou encore le velours qui supportent l’immense lustre de cristal et de bronze.

La coupole actuelle, installée en 1964, est l’œuvre de Marc Chagall qui l’a réalisée à l’invitation de son ami le ministre des Affaires culturelles André Malraux. Ses cinq parties aux couleurs vives évoquent les étapes et les œuvres représentatives de l’histoire des arts de l’opéra et de la danse, ainsi que quatorze compositeurs marquants des arts lyriques et chorégraphiques .
Pour sa part, le grand lustre, qui pèse 6.5 tonnes, a été installé en 1874 et restauré en 1989. Il a été dessiné par Charles Garnier lui-même.

Les foyers
Lieux de déambulation et de rencontre avant les représentations ou au moment des entractes, les foyers sont vastes et richement décorés. Une vue plongeante sur le grand escalier agrémente les lieux.




Le Grand foyer
Faisant 18 mètres de haut sur 154 mètres de long et 13 mètres de large, le Grand Foyer a été conçue pour servir de salon à la société parisienne. Il a été restauré en 2004. Un jeu de miroirs et de fenêtres ouvrant sur les rues et les façades environnantes accentue encore ses vastes dimensions. Aux murs, vingt statues, allégories des « Qualités » indispensables aux artistes des arts lyriques et chorégraphiques. Un plafond voûté, peint par Paul Baudry, retrace les grandes étapes de l’histoire de la Musique, de la Comédie et de la Tragédie et présente plusieurs aspects de leur propre thématique. Extraordinaire, tout simplement.







Et encore

Le 30 juillet 2023