Montréal: un nouveau statut, pas de nouvelles structures

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Montréal

Selon madame Diane Rodrigue, ancienne candidate coderrienne, fonctionnaire à la ville de Montréal durant 30 ans, qui n’a jamais tenu un poste qui la mettait en relation directe avec les citoyens, Montréal devrait dorénavant compter 5 arrondissements et un conseil municipal de 31 élus.(www.ledevoir.com/politique/montreal/406737/plaidoyer-pour-une-fusion-d-arrondissements)

Cette proposition à peine esquissée, qui générerait des économies pouvant atteindre 80 millions de $, fait surface au moment où nos élus ont fort heureusement la tête à des questions plus importantes. Je ne parle pas ici du comportement étrange de l’un d’eux lors de la séance du conseil de cette semaine ni des projets inattendus de fermeture aux aurores des bars ou des stationnements étagés, fruits des cogitations fertiles de notre maire. Cela assure à l’intervention de madame Rodrigue l’enterrement de première classe qu’elle mérite. Elle ira rejoindre quelques dizaines de projets du genre au cimetière des bonnes intentions en servant de bancs d’essai dans nos Facultés. Ce qui, en soi, n’est pas une fin inutile.

La sortie de madame Rodrigue, inattendue dans le contexte actuel, aura au moins permis de constater l’incroyable virage à 360 degrés de Richard Bergeron et de Projet Montréal ainsi que l’élégance (sic) du patinage de notre Maire à tous sur cette question longuement discutée par nos élites politico-intellectuelles depuis plus de 10 ans.

Ainsi, on a appris que Richard Bergeron et Projet Montréal n’avaient pas mûrement réfléchi à la proposition qu’ils défendaient durant la campagne électorale de l’automne dernier en suggérant de réduire de 103 à 65 le nombre d’élus et de 19 à 13 le nombre d’arrondissements. « On a approfondi le sujet », avoue-t-il aujourd’hui, en se disant maintenant prêt à accepter les regroupements administratifs qu’il honnissait à s’en confesser il y a moins d’un an. Mieux vaut tard que jamais. Cette réflexion tardive et le fait de compter trois élus d’une ancienne ville de banlieue (Verdun) dans ses rangs ont sans doute aidé monsieur Bergeron à changer sa façon de voir les choses. Tant mieux. Reste qu’en attendant cette conversion, il pourfendait le système. Mais passons.

Quant à notre très actif maire, de « cohésion » en « coordination », il réussit, ou presque, à faire oublier qu’il jonglait, lui aussi, avec l’idée de jouer, bien modérément, il est vrai, dans les structures en tout début de campagne, en mai 2013. Bref, tous aux abris.

Ce n’est pas dans la construction ou la démolition de structures que résident l’avenir et la prospérité de Montréal, non plus que la qualité des services qu’elle offre à ses citoyens. C’est plutôt dans la négociation sérieuse et aussi rapide que les circonstances et la complexité des choses le permettent d’un statut de Métropole, comme Toronto l’a fait avec succès il y a déjà plusieurs années.

Les premières déclarations du nouveau ministre responsable de Montréal, Robert Poéti, ainsi que la rencontre de mardi entre le Maire Coderre et le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, augurent bien. Quand des engagements électoraux pris à deux niveaux différents en moins d’un an convergent et que leurs auteurs se rencontrent pour convenir d’en discuter rapidement, on peut dire, sinon que le train est en marche, du moins que la construction des rails a débuté. La route sera longue, les dossiers complexes, le financement jamais évident et les intérêts souvent divergents.

Ce n’est pas un dossier facile et le premier ministre, qui a bien reconnu l’importance de la Métropole du Québec dans la composition de son conseil des ministres, devra appuyer de tout son poids ceux à qui il a délégué cette tâche. On a souvent dit des gouvernements québécois qu’ils craignaient leur Métropole. Le premier geste posé par monsieur Couillard prouve qu’il n’en est rien du sien. D’autre part, il y a fort à parier qu’avec « le –nouveau-shérif-en-ville-qui-la-rend-incontournable », Montréal mettra toute la pression et les efforts voulus.

Dans ce dossier d’une extrême importance, nos élus municipaux et provinciaux ont une obligation de résultat sur laquelle ils doivent maintenir rigoureusement le cap sans se laisser distraire par des questions d’ordre secondaire.

La « structurite », surtout celle que l’on propose au nom d’économies d’échelle qui ne se réaliseront jamais, est de celles-là.

Publié par

Homme politique à la retraite active, analyste et commentateur, toujours passionné d'affaires publiques, de lecture et de musique. Auteur de DE LA CRISE D'OCTOBRE AU PRINTEMPS ÉRABLE, Québec Amérique 2015

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