Tout le Québec politique et plus ressentait encore hier soir l’effet du tsunami PKP. Chacun tentait de s’ajuster du mieux qu’il le pouvait. Et pas toujours heureusement. Ainsi Libéraux et Caquistes ont d’abord enligné les platitudes du genre ‘on s’inquiète pour l’avenir de l’amphithéâtre de Québec’, comme si PKP était irremplaçable (en fait, on voulait surtout souligner qu’il aurait du rester dans l’arène de glace, pas sauter dans l’arène politique), avant, pour le PLQ de lancer une pub d’assez mauvais goût sur le dangereux PKP et, pour la CAQ, de menacer de dénoncer l’utilisation d’un reportage sur madame Marois mis en ligne sur UTube. En milieu de journée, le PLQ, bientôt rejoint par la troupe de monsieur Legault, retournait aux vraies affaires en rappelant, avec justesse, qu’avec sa nouvelle vedette, le PQ ne pouvait plus cacher son option souverainiste et qu’il était bien un parti ‘séparatiste’ qui nous menait tout droit vers un autre referendum.
Ébranlé comme il était lundi matin, le PLQ aurait du, me semble-il, remettre de quelques jours, la publication de sa plateforme, assez terne, en matière d’éducation. Sa conférence de presse est passée, de toutes façon totalement inaperçue.
Côté PQ, il faudra également s’ajuster: la comète Péladeau prend de la place. Hier, elle prenait TOUTE la place. Si le parti gouvernemental voulait jouer discrètement l’option souverainiste au profit de la charte des valeurs, c’est raté. PKP a ramené le vrai débat au centre de cette campagne électorale. Avec toute l’expérience qu’on lui connait, difficile de croire que Madame Marois n’avait pas vu venir le coup.
Moins de 24 heures après son entrée en politique, PKP a appris à la dure qu’on ne peut pas dire n’importe quoi sur n’importe quel ton sans en payer le prix. S’il est évidemment difficile de se départir d’un bloc d’actions majoritaire dans une entreprise du genre de Québecor, PKP devra prouver hors de tout doute raisonnable (et les avocats qui l’entourent et ceux du gouvernement, le cas échéant sauront l’y aider) qu’il n’exerce plus aucune influence ni n’est plus influencé par l’entreprise qu’il a largement contribué à développer. De même, il devra nous convaincre, une fois membre du conseil des ministres (s’il y parvient, ce dont je ne doute évidemment pas si le PQ est élu), que sa présence et sa contribution sont essentielles pour la bonne compréhension des questions culturelles, ainsi qu’il l’a curieusement laissé entendre lors d’une entrevue hier après-midi. Bref, tout en répétant qu’il s’agit d’une candidature aussi intéressante que controversée, je dis que ces questions d’éthique seront à surveiller tout au long de la campagne et qu’elles devront trouver des réponse adéquates chaque fois qu’elles seront soulevées.