Rien n’est encore joué

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Election 2014

En gros, le sondage Léger-LeDevoir publié hier matin réjouit les libéraux, inquiète les péquistes et sonne le glas des caquistes. Même si entre les deux premiers, rien n’est encore joué.  Avec l’égalité actuelle dans les intentions de vote établie à 37%, la répartition du vote francophone à travers le Québec pourrait donner une courte victoire au PQ.  Mais plusieurs autres  facteurs et certaines tendances qui se dégagent pointent, à ce moment-ci, vers une possible et surprenante victoire du PLQ.

D’abord, ce dernier est en hausse depuis janvier dans les coups de sonde de Léger-LeDevoir  (33, puis 35 et maintenant 37%), alors que le PQ fait du surplace (36,37 et 37%), la CAQ glissant  quant à elle, de 17, à 15 et aujourd’hui à 14%, cette perte étant totalement récupérée par le PLQ. Tous les observateurs s’entendent: on assiste, particulièrement depuis l’entrée en scène de PKP à une polarisation du vote entre fédéralistes (fatigués ou pas) et souverainistes pur jus. Dans cet affrontement traditionnel, peu ou pas de place pour la CAQ.

Autre facteur intéressant pour le PLQ: bien que son adversaire péquiste ait un fond de commerce solide puisque 79% de ceux qui ont l’intention de l’appuyer affirment que leur choix est ferme, (62% dans le cas des Libéraux),  il n’est le second choix que de 17% des caquistes, alors que 45% de ces derniers iraient au PLQ. Quand on voit le résultat du premier glissement, il y a de quoi être confiant du côté des troupes de monsieur Couillard. Elles ont répété samedi ce qu’ils avaient annoncé dans la région de Québec jeudi.

Peu ou pas de surprises du côté de la réaction populaire face aux candidatures annoncées par les différentes formations politiques. Comme prévu, PKP divise: d’un côté les admirateurs inconditionnelsde la star et de l’homme d’affaires qui a brillamment réussi; de l’autre, ceux qui seront toujours incapables de se rallier à ses méthodes anti syndicales ou autres. Le PQ devra vivre avec cette réalité.

Comme le PLQ devra vivre avec l’impopularité de son candidat-vedette dans LaPinière, le très antipathique Dr Gaétan Barette, qui remporte d’ailleurs la palme avec un taux de mauvaise opinion de 48%. Personne n’aime les vire-capots ni l’ambition trop ouvertement affichée. En tout cas, voilà qui devrait aider quelque peu, mais sans doute pas suffisamment, madame Houda-Pepin dans cette circonscription traditionnellement libérale que le PQ lui a si généreusement abandonnée faute de pouvoir espérer l’emporter.

Bien que 71% des répondants disent ne pas avoir d’opinion ou ne pas vouloir répondre à la question, 23% d’entre eux affirment avoir une bonne opinion de madame Lorraine Pintal. Voila une bonne nouvelle pour les péquistes d’un peu partout, au premier chef pour ceux de Verdun. Monsieur Couillard serait bien avisé de se rendre dans Verdun et d’y ramener son excellent candidat Jacques Daoust. S’il peut espérer rapatrier une bonne partie du vote caquiste de 2012, monsieur Daoust n’est pas candidat dans une place forte du genre de celle de ses deux collègues vedettes de l’équipe économique du PLQ. Madame Pintal est connue, son organisation efficace et madame Marois lui a payé 2 visites en 6 jours: du jamais vu dans Verdun pour un leader péquiste. Je l’ai écrit ici il y a quelques jours:  le PLQ devra travailler fort dans Verdun.

La campagne du PQ est perçue comme étant la meilleure (31-19%), son équipe de candidats aussi (40-26%), 78% des personnes interrogées n’ont pas l’intention d’attendre le débat des chefs pour se former une opinion, (que près d’un électeur sur trois ne regardera même pas), un québécois sur deux (52%) est d’avis que le PQ formera le prochain gouvernement. Pourtant, le sondage donne une toute autre image. Bizarrerie de l’opinion publique qui rend les choses tellement intéressantes!

Le sondage (que les politiciens ne lisent pas, c’est chose entendue, le VRAI sondage étant le soir de l’élection…) confirme ce que le PLQ et la CAQ avaient clairement anticipé et le PQ, de façon incompréhensible, oublié: les Québécois ne veulent entendre parler ni de souveraineté (69%) ni de charte des valeurs (63%), mais bien d’économie et de création d’emplois (85%), de santé (84%), de finances publiques (77%),  d’éducation (735) et, dans une moindre (étonnante) mesure, de corruption (49%). Verdict clair et sans appel. Qui obligera PLQ et PQ (surtout) à se recentrer et à bannir les mots référendum et souveraineté de leur vocabulaire.

D’ailleurs, monsieur Couillard, qui ne lit pas les sondages, n’a pas mis de temps à remettre aux calendes grecques sa croisade (…) prévue en terre canadienne. Après tout, qu’allait-il y faire, en effet. Si les Québécois ne veulent pas entendre parler de constitution, de souveraineté, de frontières, d’aménagements de ceci ou de cela, on peut facilement imaginer le peu d’intérêt du ROC sur les mêmes sujets! Autant l’expression m’horripile, autant je comprends le chef libéral de revenir aux vraies affaires.

Autre orientation claire révélée par le sondage d’hier:  dans l’éventualité toujours possible où il formerait un gouvernement,   le PQ n’aurait pas le mandat de tenir un référendum selon 54% des répondants. S’il devait, malgré tout y avoir référendum, le verdict populaire serait encore plus clair: l’option  souverainiste du PQ serait battue par la marge de 59%-41%, à peu de chose près le résultat de 1980, bien loin de l’incroyable résultat de 1995. Tout cela en reconnaissant  Trudeau (27%) et Mulcair (21%) plutôt que Couillard (10%) comme le chef le mieux placé pour défendre l’unité canadienne au pays.

Dernier commentaire. Tous les partis politiques réalisent des sondages quotidiens, sous ou une forme ou sous une autre, dont les résultats, dans leur ensemble, ne doivent guère différer de ceux qui sont commandés par les grands médias. Comment expliquer alors que la chef du PQ ait laissé dériver son navire sur la mer déchaînée de la souveraineté, du référendum, des frontières, du passeport et laissé la barre, même momentanément, à un jeune pilote, de haute lignée certes, mais totalement inexpérimenté. Elle doit maintenant tenter de le ramener dans des eaux plus calmes et de l’y  maintenir, les yeux bien rivés sur la boussole-sondage. Sondage qu’en bonne politicienne, elle ne lit jamais, bien sur…

Publié par

Homme politique à la retraite active, analyste et commentateur, toujours passionné d'affaires publiques, de lecture et de musique. Auteur de DE LA CRISE D'OCTOBRE AU PRINTEMPS ÉRABLE, Québec Amérique 2015

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