Tirant de l’arrière par 10 points dans les intentions de vote consolidées au 19 mars et crédité, dans la meilleure hypothèse d’une cinquantaine de sièges contre 70 aux Libéraux, le PQ a déclenché, en fin de semaine, sa première opération panique, sa toute nouvelle version d’une pièce qu’on n’avait plus revue au Québec depuis des générations: ce soir on fait croire au monde que les Anglais sont en train de voler l’élection. Pour faire sérieux, donc pour faire vraiment peur, on dépêche rien de moins que le ministre de la Justice lui-même, flanqué de deux députés , dont un vétéran réputé pour son sens de l’organisation politique. Rien de moins.
Et à trois, on accuse les étudiants ontariens inscrits dans les universités montréalaises de vouloir s’inscrire en masse sur les listes électorales québécoise. Du jamais vu, disent les porte-paroles péquistes. On reproche aussi aux commissions de révision…d’accueillir trop de monde, comme s’il fallait à tout prix limiter le droit de vote en cette époque où l’on se plaint justement que le taux de participation est trop bas Bref, on est en train de nous voler l’élection dans cinq comtés, clament-ils en appelant le DGE à leur secours, étant entendu qu’ils représentent, eux, l’inrérêt des Québécois, étant péquistes.
Os de taille, cependant. Le Directeur général des élections du Québec, qu’on ne peut accuser de partisanerie politique et qui a souvent reconnu le bien fondé des prétentions péquistes dans le passé, ne voit pas la chose du même œil. Oh que non. Et il ne se gêne pas pour le dire poliment mais fermement en se déclarant étonné de l’intervention d’un ministre dans une telle situation. Non seulement, ajoute-il, n’y a-t-il rien d’anormal, mais dans certaines circonscription, notamment Ste-Marie-St-Jacques, les demandes d’inscription sont moins nombreuses en 2014 qu’elles ne l’étaient en 2012.
En somme, Manon a pesé sur le mauvais piton. Voilà qui commence bien une semaine qui menace d’être longue et dure.
Dure, elle le sera sans aucun doute pour Philippe Couillard et le PLQ qu’on ne manquera pas d’attaquer sur la question de l’intégrité. C’est la seule arme qui semble rester au PQ et elle n’est pas nécessairement mauvaise, toutes les autres s’étant jusqu’à maintenant révélées inefficaces. Le chef du PLQ a courageusement et correctement assumé hier l’héritage historique de son parti. Il n’a pas, à mon avis, à en assumer tous les gestes récents, d’autant plus que l’élection a sanctionné son parti en 2012. Il devra faire face à la tempête et prouver aux électeurs qu’à la tête d’un gouvernement libéral, l’intégrité, l’éthique et l’intérêt public seront constamment au cœur de ses préoccupations et géreront toutes ses décisions. Malgré l’épisode Porter assez peu glorieux (mais dont on a tendance à tirer de fausses conclusions), l’homme est honnête et inspire confiance.
Si François Legault demeure l’homme de la formule politique à l’emporte-pièce, il prouve depuis hier, que le ridicule ne tue pas. Prétendre que la fin de cette campagne se fera entre une CAQ moribonde (pour ne pas dire déjà enterrée) et le PLQ, c’est rire du monde, prendre l’électorat pour une grosse valise collective. Le PQ n’est évidemment pas aussi fort qu’il le souhaiterait, mais il n’est pas mort. Aucun observateur sérieux ne voir poindre à l’horizon une quelconque remontée de la CAQ. Conclusion: la lutte se fait toujours à deux et elle n’est pas terminée, loin s’en faut entre le PLQ et le PQ, lequel devra cependant trouver autre chose que le pseudo ‘scandal’ des inscriptions sur les listes électorales s’il veut espérer remonter la pente.