Ébranlé par les tirs croisés de ses trois adversaires sur la question de l’intégrité et refusant de façon surprenante d’y répliquer vigoureusement, complètement à côté de ses pompes sur la question identitaire fondamentale de la protection du français au Québec, le chef du PLQ a connu un bon débat sur l’ensemble des autres questions et a certainement marqué de précieux points quand il a reproché à madame Marois de faire une distinction entre les Québécois et évidemment quand il lui a rappelé ne pas la croire sur la question du référendum. Pas un grand débat, certes, pas une cuisante défaite non plus. Assez pour consolider son vote libéral.
Le chef du PQ n’a pas été exceptionnelle non plus, mais a connu une meilleure soirée que la semaine précédente. Sa tendance à s’impatienter est rapidement réapparue, comme celle à interrompre son interlocuteur. Déstabilisée sur la question des nominations politiques, la première ministre a répété sa ligne désormais célèbre sur un référendum quand les Québécois seront prêts, apportant ainsi pas mal d’eau aux moulins caquiste et libéral. La chef péquiste a néanmoins réussi à parler des grandes lignes de son programme et des réalisations de son gouvernement dès qu’elle en avait l’occasion, souvente fois à travers une joyeuse cacophonie.
Je l’ai dit sur une autre tribune ce matin: donné gagnant (aux points, aux poings) par la très mâle tribune de commentateurs de TVA hier soir, François Legault était imbuvable. Gueulard, interrompant ceux qu’il questionnait, mettant en doute l’honnêteté de leur réponse, démagogue à souhait, il a nettement gagné le débat, si l’on considère ce genre d’exercice comme un combat de boxe. On a assisté, hier soir, a une séance de lutte, digne des plus belles soirées de la WWF, non pas à une soirée d’arts martiaux. Qu’importe, le chef de la CAQ a probablement stoppé l’hémorragie dans son parti. Rien, à mon avis de suffisant pour remonter la pente. Question: pourquoi alors toute cette agressivité qui frôlait parfois le mépris.
Digne, respectueuse, en pleine possession de ses dossiers et ne se faisant évidemment aucune illusion sur le sort qui attend son parti en dehors de deux ou trois circonscriptions montréalaises, madame Françoise David a connu, encore une fois, la bonne soirée que l’on lui prédisait et que l’on souhaitait pour elle. Elle a brillamment soutenu le regard théâtralement assassin de monsieur Legault et porté de bons coups aux chefs du PLQ et du PQ sur les question de l’intégrité et du Pays. Durant toute la soirée, la chef de QS a visé son électorat et réussi, me semble-t-il, à consolider, elle aussi, son vote chez une clientèle de gauche qui ne se retrouve plus dans le PQ.
Quelle sera l’influence de ce débat sur l’électeur. Difficile à dire. S’il est vrai, ainsi que l’indiquent certains sondages qui datent, il est vrai,de plusieurs jours maintenant, que près des 3/4 des électeurs ont déjà fait leur choix et qu’à peu près la même proportion disait ne pas se laisser influencer par les débats, la confrontation d’hier soir n’aura que peu d’effet. Elle pourrait, je le répète, arrêter la saignée à la CAQ, c’est-a-dire, sauver quelques têtes. Je doute qu’il permette à la formation de monsieur Legault de remonter la pente. Libéraux et Péquites demeurent, encore aujourd’hui, engagés dans une lutte serrée dont l’une des issues possibles redevient un gouvernement minoritaire. Plus probablement libéral que péquiste.
Je suis généralement en accord avec ton analyse mon cher Claude mais il y cependant un point qui a retenu mon attention lors du débat. La maladresse de Couillard sur l’avantage du bilinguisme en milieu de travail est une gifle pour la loi 101 et pour les nationalistes québécois. Plusieurs de ceux-ci campaient dans le camp Legault depuis 2012. Ce sont eux en grande partie également qui ont contribué à changer l’allure des sondages à la faveur des libéraux.
Quelle sera l’effet de cette bourde dans les comtés « chauds » où la CAQ et les libéraux se disputent le siège? Même s’il a connu un excellent débat selon moi, cette deuxième position de Couillard au débat pourrait-elle faire une différence entre un gouvernement majoritaire et minoritaire le 7 avril?
J’ai hâte de voir les prochains sondages!
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