Je ne commenterai pas l’inqualifiable pirouette du PQ sur la clause dérogatoire. Quand je dis pirouette, c’est parce que je suis poli. Beaucoup trop poli. Et que je me retiens. Beaucoup trop. Et que je ne veux pas parler de mauvaise fois.
Une nouvelle est passée à peu près totalement inaperçue aujourd’hui, sauf pour l’excellent Jean Lapierre qui en est resté aussi surpris que moi et dont je partage la réaction: ça n’a pas de sens.
En effet, la Commission spéciale d’examen des événements du printemps 2012 crée par le gouvernement Marois a déposé son rapport ce midi, ainsi que le requérait son mandat.
Cette commission était présidée par l’ancien ministre péquiste à Québec et député bloquiste à Ottawa, Serge Ménard, un homme pour lequel j’ai beaucoup d’estime et de respect malgré notre divergence d’opinion sur l’avenir constitutionnel du Québec. Me Ménard et ses deux collègues, Claudette Carbonneau, ex-présidente de la CSN et l’ex- juge Jacques Grenier devaient examiner et analyser les circonstances des manifestations étudiantes du printemps 2012 et faire la lumière sur les facteurs qui ont contribué à la détérioration du climat social à l’époque. On dit que les commissaires ont réalisé près de 150 entrevues avec les associations étudiantes, les directions d’établissements d’enseignement et les corps policiers. À titre d’ancien responsable de la sécurité publique au comité exécutif de la Ville de Montréal, j’ai pu m’entretenir avec les commissaires en décembre dernier.
Je me permets ici et maintenant la remarque suivante: j’aurais souhaité que ceux-ci se gardent une petite gène et décident, après discussion avec leur mandant, le ministre de la Sécurité publique, de retarder au lendemain de l’élection la remise de leur rapport. Je me serais senti plus à l’aise. Peut-être l’ont-ils fait, je n’en sais rien. En tout cas, s’ils l’ont fait, on connait la réponse du Gouvernement.
Sans présumer des conclusions du rapport et des recommandations des commissaires, savoir le PQ (qui, lui, en connait la teneur) en possession d’un tel rapport en pleine campagne électorale, moins d’une semaine avant le jour du vote, me rend nerveux. Quel beau sujet à lancer sur la place publique. En quelques heures, voilà le printemps et l’été 2012 ramenés au cœur de l’actualité.
Vous savez, une fuite est si vite arrivée. J’en ai le frisson…