Tant de doutes entouraient les données du dernier sondage Forum Research de lundi dernier que peu de commentateurs en ont parlé, surtout pas ceux des très nombreuses émissions du cirque télévisuel 24/7. Et pourtant, l’Ipsos/CTV d’hier soir vient confirmer l’inexorable et dramatique glissade du PQ dans les intentions de vote des francophones. Or, on le sait, c’est dans cette partie de l’électorat que se gagnent ou se perdent les élections au Québec. En quatre courtes semaines, le PLQ avait comblé son retard et rattrapé le PQ qui, de son côté, perdait aussi un nombre non négligeable de voix aux mains de QS et sans doute aussi de la CAQ Une partie de l’explication de la défaite probable des troupes de madame Marois réside dans ce phénomène.
Les données sur les intentions de vote des 18-34 sont contradictoires. Forum rapporte la répartition suivante: PLQ 2 4%, PQ 33%, CAQ 23% et QS 12%, alors que le sondage Ipsos/CTV indique celles-ci: PLQ 39%, PQ 16%, CAQ 18% et QS 23%. Impossible de s’y retrouver, sauf à penser que cette strate de l’électorat, jadis assez largement acquise au PQ, doit suivre l’élan des autres et répartir une bonne partie de ses appuis ailleurs.
Le PLQ est-il en territoire majoritaire. Je risque une réponse affirmative. Une courte, très courte majorité, ce matin. Une inconfortable majorité qui l’invite à redoubler d’efforts d’ici dimanche soir et surtout à surveiller le très combatif François Legault, ragaillardi par le débat de la semaine dernière et les deux dernier sondages.
Le chef de la CAQ continuera à faire flèche de tout bois dans le langage direct, parfois cru, auquel il nous a habitué. Avec une possible balance du pouvoir dans un encore possible gouvernement minoritaire, il dispose de 4 jours pour prouver à l’électorat que son one man show est terminé et que son équipe pourrait assurer une stabilité gouvernementale pour quelques années.
Battante, madame Marois se battra jusqu’au bout, c’est l’évidence même en espérant sauver ce qui peut encore l’être: assez de comtés pour constituer une Opposition vigoureuse à défaut de retourner au Gouvernement à la tête d’une autre équipe minoritaire.
Je reviendrai en fin de semaine sur ce que je pense vraiment de la campagne des quatre chefs, sur l’atmosphère qu’ils ont crée, sur le rôle de la presse écrite et parlée et celui des réseaux sociaux. En attendant, je lance ceci: si les sondages, récents comme plus anciens, considérant la tendance établie depuis le début, reflétaient AUSSI la profonde réprobation des Québécois devant la décision de Madame Marois de précipiter une nouvelle élection 18 seulement après avoir été élue sans avoir véritablement essayé de gouverner en dégageant des consensus avec les partis d’opposition, notamment sur la charte et sur la langue. Et si les Québécois étaient AUSSI en train de dire à Madame Marois (tiens, me voilà qui parle comme monsieur Legault…) ‘on vous a demandé de gouverner en 2012, vous ne voulez-pas gouverner, même dans des conditions difficiles, alors on va vous remplacer’.
Quoiqu’il en soit, pour terminer cette campagne comme le PLQ l’a entreprise sur fonds de métaphore, un but à quelques secondes de la fin de la partie étant toujours possible, il faudra attendre le dernier coup de sonde pour savoir si la tendance dégagée depuis la fin de semaine dernière se maintien.
Si la firme Léger sonne chez-vous, de grâce répondez à son sondage!