La tombée des sondages suit l’allure de la campagne: frénésie. Coup sur coup, en moins de 12 heures, deux nouveaux sondages viennent alimenter les discussions, susciter les passions (comme s’il en manquait dans cette campagne), raviver les espoirs des uns, confirmer les attentes des autres.
D’abord le très attendu Léger/le Journal de Montréal ce matin (ou, pour les mordus, dont je suis, en début de nuit dernière) et, en milieu d’avant-midi, de Toronto, celui de la maison Angus-Reid. Tous les deux confirment, à des degrés divers, les observations d’Ekos, publiées hier soir. Le PLQ est en légère baisse, la chute du PQ se poursuit, la CAQ remonte de façon spectaculaire et QS se maintien, si bien qu’il devient extrêmement difficile, voir impossible de prédire l’issue du scrutin. Qu’on en juge.
Six sondages ont été rendus publics depuis le 23 mars, une éternité en politique, particulièrement dans cette campagne aux rebondissements aussi nombreux qu’inattendus et dramatiques. En gros, ils démontrent que le PLQ est plutôt stable, autour de 38 ou 39% et que le PQ ne cesse de chuter, passant de 33% le 23 mars à 26 ou 27% le 4 avril. Les mêmes coups de sonde relèvent la spectaculaire remontée de la CAQ, d’abord lente de 15 à 19% entre le 23 mars et le 1er avril, puis rien de moins que fulgurante, à 21, 23 et 25% du 2 au 4 avril. Ils indiquent aussi la confortable stabilité de QS autour de 9%.
La première question est de savoir, d’une part où s’arrêtera cette remontée de François Legault (car il s’agit bien du résultat du travail de cet homme, pas celui d’une équipe quasi-inexistante) et d’autre part, quand se terminera la descente du PQ. Une autre est de se demander si la légère baisse des libéraux se poursuivra ou si ces derniers retrouveront leur vitesse de croisière. Il sera intéressant aussi de voir comment cette remontée se traduira en termes de sièges gagnés par la CAQ et aux dépens de qui. La réponse n’est en rien évidente. Bien qu’à première vue, il semble que la CAQ joue dans les terres jadis fertiles du PQ (bien épaulée en certains endroits, notamment à Montréal, par QS), rien ne permet d’affirmer que tous ses gains se feront dans des comtés détenus par le PQ ou qu’ils permettront au PLQ de se faufiler. Pour peu que ses intentions de vote se traduisent en victoires, la CAQ pourrait priver les Québécois d’un gouvernement majoritaire lundi soir prochain.
Les modèles mathématiques, aussi intéressants et perfectionnés soient-ils, ne sont que cela: des modèles mathématiques. Les sondages, aussi raffinés soient-ils, ne sont que cela: des sondages. Ni l’un ni l’autre ne vote. Ce sont les électeurs qui le font et les organisations électorales qui voient à ce qu’ils se rendent aux urnes le jour venu. En ces matières, le PQ et le PLQ disposent d’un avantage décisif sur leurs adversaires caquiste et solidaire. J’ajouterai, pour l’avoir personnellement vécu aux côtés de Robert Bourassa dans les années 70 et à titre de candidats 2 fois en 1985, croire en cette prime à l’urne dont on a tant parlé. Léger avantage, donc, ce jour-là, à la machine libérale.
Bon et alor. Extrêmement difficile, voire impossible à prédire. Tout peut arriver, surtout si la montée de la CAQ se poursuit au cours du weekend et se traduit, lundi soir, en nombre de comtés. J’ai déjà exclu une victoire majoritaire du PQ. Je maintien toujours cette opinion, considérant toutefois qu’une victoire minoritaire est, aujourd’hui ,théoriquement possible, bien que hautement improbable. Je penche plutôt du côté d’une victoire libérale fortement minoritaire ou faiblement majoritaire, autour de 62-64 sièges.
Je vous invite à vous coucher tôt demain soir. Si vous êtes comme moi, il est probable que vous vous couchiez tard lundi soir prochain.