On ne s’étonnera pas d’apprendre que j’accorderai mon vote à l’équipe des maires Denis Coderre et Jean-François Parenteau. Sans faire campagne autrement que parler à ses candidats s’ils le souhaitent. Le porte-à-porte, les assemblées, les débats, les visites dans les commerces, les résidences d’aînés, les sorties de métro le matin ou le soir, tout cela est bien fini pour moi. Je regarde passer la parade avec un intérêt détaché, sans nostalgie, sans regret, sans aucun goût de reprendre les expériences passionnantes que j’ai vécues au cours de deux campagnes électorales provinciales (en 1985) et trois municipales (2001, 2005 et 2009).
C’est une équipe renouvelée et de très haute qualité que présente le maire Parenteau (sous la généreuse et attentive gouverne, on s’en doute, de Denis Coderre). Il lui a fallu tenir compte de celles qui partent (Manon Gauthier) ou qui sont déplacées (Marie-Ève Brunet). Il a bien dû, aussi, trouver des candidats pour remplacer ceux et celles qui ont mordu la poussière en 2013 pour affronter les conseillers sortants de Projet Montréal. Ce faisant, il présente une équipe presque entièrement féminine à la population. 5 candidates sur 7. Un exploit que je salue en souhaitant vivement qu’il ouvre la voie aux collègues à tous les niveaux de gouvernance.
Le départ de Manon Gauthier
J’aime beaucoup Manon Gauthier. Depuis le début. Cette passionnée de culture, cette femme exigeante, ce bourreau de travail tire sa révérence beaucoup plus tôt qu’elle ne l’aurait sans doute souhaité. J’ai trop d’expérience politique pour croire un seul instant à la raison invoquée par mon ami Denis Coderre, à savoir l’existence d’une entente de 2013 quant à la durée de l’engagement de Manon (un seul mandat). Il est rarissime, en effet, de s’engager en politique pour une aussi courte période de temps quand on sait combien il est difficile de réaliser ses objectifs rapidement. Ceux ou celles qui quittent après un seul mandat le font généralement pour des raisons de santé, de déception ou alors pour réorienter une carrière ou pour s’occuper d’une famille qui en a bien besoin. Femme d’équipe, Manon Gauthier n’a pas été bavarde jusqu’à maintenant, se contentant de remercier tout le monde et son père et de laisser son maire tenter de convaincre la galerie qu’il s’agissait-là de la concrétisation d’une entente. Quoi qu’il en soit, force est de respecter cette décision, quelles qu’en soient les raisons véritables, de remercier Manon Gauthier pour la qualité de son travail et de lui souhaiter la meilleure des chances pour la suite des choses. Mission tout de même accomplie pour Manon qu’on regrettera tant à Montréal qu’à L’Île-des-Sœurs et Verdun.
Le « déplacement latéral » de Marie-Ève Brunet
Ceux qui suivent la politique municipale de près savent tout le bien que je pense de Marie-Ève Brunet. J’ai d’ailleurs été l’un de ceux qui l’ont fortement incité à servir au niveau municipal après l’avoir nommé sur quelques commissions et comités de travail lorsque j’étais maire. En 2013, je lui ai recommandé, pour diverses raisons, de se présenter dans Champlain-Île-des-Sœurs. Le maire Denis Coderre a reconnu ses grands talents, la qualité de son engagement et la force de son leadership en lui confiant d’importants dossiers tant à Montréal qu’au niveau national. Pour des raisons que j’ignore, MM. Parenteau et Coderre ont choisi de présenter la candidature de madame Brunet au poste de conseillère de ville (ce qu’elle mérite amplement) sur la terre-ferme contre un conseiller de Projet Montréal qu’on dit assez bien implanté plutôt qu’à L’Île-des-Sœurs où elle possède des assises certaines et où elle aurait succédé à une conseillère sortante. Grave erreur à mon avis qui, je l’espère, n’aura pas de conséquences fâcheuses sur l’une des carrières les plus prometteuses de l’île de Montréal. Bien sûr, madame Brunet, femme d’équipe et batailleuse, n’admettra jamais ce point de vue et maintiendra que le choix était le sien. Soit…
Le retour d’Ann Guy
Ann Guy, conseillère d’arrondissement de 2009 à 2013 n’a jamais vraiment quitté le champ de la politique municipale verdunoise. Ni avant ni après son mandat. Fortement impliquée auprès de Georges Bossé, elle fut notamment l’une de mes organisatrices en 2001 au moment où j’entreprenais ma carrière, fit de nouveau campagne avec nous en 2005 et se présenta avec mon équipe en 2009. Appliquée, méthodique, disciplinée, Ann s’occupait de son monde, des organismes sociaux, de tout ce qui touchait de près ou de loin à la communauté anglophone. Elle me fit savoir, dès le début de 2012 qu’elle n’entendait pas, pour des raisons professionnelles, renouveler son mandat en 2013, mais qu’elle songeait déjà à 2017. Et la voilà de retour pour le plus grand bien des citoyens de la terre ferme. Ann et moi avons eu nos différents au cours de ce mandat difficile (2009-2012), mais nous avons toujours su dégager un terrain d’entente sur l’essentiel. Son vote de février 2013 en compagnie de Ginette Marotte et André Savard eut pour effet de mettre un terme au projet de salle de spectacles en développement depuis 2010. Bien que fort déçu, je n’en fus pas surpris. Lors de l’inauguration du Quai 5160 à la fin août à laquelle elle assistait sans état d’âme particulier, Ann m’expliqua que son refus de 2013 tenait à sa crainte de voir les budgets exploser en raison du coût des travaux rendus nécessaires par l’était du terrain sur lequel l’édifice reposerait. Je retrouvais bien là la fonctionnaire fédérale sérieuse et responsable !
Une candidate-vedette à L’Île-des-Sœurs
Diplômée en philosophie de l’Université de Montréal, détentrice d’une maîtrise en histoire de l’art, Mi`kmaq et acadienne, Marie-Josée Parent est déjà avantageusement connue des milieux communautaires et culturels à Montréal. Depuis octobre 2014, elle dirige DestiNATIONS, Carrefour international des Arts et Cultures des Peuples autochtones. Impliquée dans sa communauté, madame Parent a dirigé une galerie d’art contemporain, coordonné un centre d’artistes et siégé au Conseil des arts de Montréal. Il s’agit, à n’en pas douter, d’une candidature de grande qualité. D’ailleurs, Denis Coderre n’a pas hésité, la semaine dernière à présenter madame Parent comme l’une de ses candidates-vedettes. Reste maintenant à cette dernière à se faire connaître, à se familiariser avec des dossiers parfois fort complexes (on pense notamment à celui du pont Champlain…) et à se préparer, si elle est élue, à occuper d’importantes fonctions auprès de celui qui l’a recrutée.
Véronique Tremblay, déjà bien implantée
La candidature de Véronique Tremblay ne surprend pas. Touche à tout impliquée depuis vingt ans à L’Île-des-Sœurs, candidate défaite de justesse aux dernières élections scolaires, cofondatrice du Mouvement WIN (Women in Mind), très engagée dans la réalisation de la deuxième école primaire, madame Tremblay présente une impressionnante feuille de route de réalisations au service de sa communauté. Sa candidature n’était qu’une question de temps. Ce temps est maintenant venu. Véronique Tremblay ne doit avoir aucune gêne à succéder à Marie-Ève Brunet au poste de conseillère d’arrondissement dans Champlain-île-des-Sœurs.
Rien n’est joué
Malgré la qualité de cette équipe et le travail accompli depuis 4 ans par le maire Parenteau, aussi présent sur le terrain que dans les médias sociaux, les jeux ne sont pas faits. Loin de là. Projet Montréal détient trois des 6 postes au conseil d’arrondissement. Ses partisans (dont plusieurs proviennent du PQ) « travaillent le terrain » depuis des mois, voire des années auprès des différentes communautés. Marie-Andrée Mauger, pour une, semble solidement implantée et a accompli, à mon avis, du très bon boulot. L’influence de la cheffe Valérie Plante reste à mesurer.
Comme reste à vérifier l’effet diviseur de l’éventuelle candidature d’une équipe Vrai Changement pour Montréal autour, selon une rumeur persistante, de l’ex-conseiller André Savard.
Chose certaine, Jean-François Parenteau doit non seulement rêver de cette éventualité, mais l’appeler de tous ses vœux ! Rien comme une division du vote pour se faufiler. Les résultats de 2013 l’ont démontré à l’envie !